Colloque international /International conference
Organisation :
- Claire Maingon, professeur en histoire de l’art contemporain, Université Bourgogne Europe, LIR3S UMR 7366 CNRS-UBE.
- Maël Tauziède-Espariat, maître de conférences en histoire de l’art des Temps modernes, Université Paris-X Nanterre, HAR.
- Thibault Boulvain, Assistant Professor en histoire de l’art, Centre d’Histoire (CHSP), Paris.
Date et lieu du colloque : octobre 2026 sur le campus Saint-Thomas-d’Aquin de Sciences Po Paris
APPEL À COMMUNICATIONS / CALL FOR PAPERS
[DL : 31/03/2026]
English version below
[Version pdf de l’appel à communications]
Argumentaire
Le musée n’est pas seulement un lieu d’exposition : il est aussi un espace où se négocient sans cesse la visibilité et la valeur des œuvres. En suivant la thèse formulée par Walter M. Kendrick – selon laquelle l’isolement d’images jugées inmontrables a contribué, paradoxalement, à constituer la catégorie autonome de la pornographie –, ce colloque propose d’explorer le rôle du musée dans la construction et la reconfiguration des regards genrés portés sur les objets liés à la sexualité et/ou au désir (érotiques et pornographiques). Espace public où se croisent professionnels et publics, et où dialoguent des corpus d’époques et d’aires géographiques variées, le musée sera ici pris comme un poste d’observation privilégié.
Depuis la fondation du « Gabinetto Segreto » du Musée archéologique de Naples au début du XIXe siècle, plusieurs musées de l’Érotisme ont vu le jour, de façon pérenne ou éphémère (Amsterdam, Hambourg, Paris, New YorkCity, Mumbai…). Sans nécessairement se constituer autour d’une collection d’erotica, d’autres institutions muséales(publiques, privées, voire communautaires) ont aussi pu être confrontées à des œuvres érotiques à l’occasion d’expositions temporaires, d’acquisitions ou de classements. En Europe, mais aussi en Asie, en Afrique, en Océanie ou dans les Amériques, les musées ont alors élaboré des stratégies spécifiques de conservation, de monstration ou d’invisibilisation de ces représentations.
L’intérêt des sciences humaines et sociales pour ces questions s’est accru depuis une cinquantaine d’années,d’abord avec la publication de Studies in Erotic Art (1970) puis de Hard Core – Power, Pleasure, & the « Frenzy of theVisible » (1989, Linda Williams) plus spécifiquement consacré à la pornographie, et encore de Sex Museums. ThePolitics and Performance of Display (2016, Jennifer Tyburczy), avant de s’élargir aux gender & queer studies. Ces approches ont montré comment les musées participent à la reconnaissance – ou à l’exclusion – de certaines identités sexuelles et de genre, en particulier LGBTQIA+, dans les institutions publiques.Intégrant ces apports, ce colloque souhaite proposer une réflexion internationale, transculturelle et pluridisciplinaire sur la présencede l’érotisme dans les musées. Comment les institutions acquièrent-elles, classent-elles, exposent-elles ou censurent-elles ces œuvres –qu’il s’agisse d’objets, de peintures, de sculptures, de photographies, de performances, de vidéos ou d’arts numériques ? En particulier, quelle place tient l’auto-censure des conservateurs et conservatrices soucieux d’anticiper les réactions du public ou destutelles ? Quelles médiations et quels dispositifs scénographiques ont été mis en place (cabinets secrets, caches, tiroirs, expositionsvirtuelles) ? Comment le corps et le regard des spectateurs et des spectatrices sont- ils engagés face à ces images ? Enfin, peut-on esquisser une histoire critique de leur réception en relation avec nos seuils de tolérance passés et actuels, en tenant compte des stratégies des artistes qui, souvent, déjouent ou troublent le musée ?
Appel à communications
Nous invitons l’ensemble des chercheurs et chercheuses à soumettre leurs propositions de communication. Ce colloque est ouvert aux différents champs disciplinaires des sciences humaines et sociales (histoire de l’art, histoire, droit ethistoire du droit, philosophie, sociologie, littérature, etc.).
Les projets soumis peuvent aborder les thématiques suivantes, mais n’y sont pas limités :
- Acquisition : critères et tabous guidant l’intégration (ou le rejet) des œuvres érotiques dans les collections publiques ou privées ; les « Enfers » des bibliothèques.
- Exposition : scénographies, dispositifs et mises en espace, de l’Antiquité à l’ère du numérique.
- Acteurs des champs suivants : collections, marché de l’art, conservation-restauration, scénographie, institutions, médias, publics.
- Réception : regards critiques et expériences des visiteurs et visiteuses, outils de médiation, circulations numériques.
Modalités de soumission
- Titre de la communication.
- Résumé (2 000 signes maximum) : Celui-ci doit expliciter de manière précise les objectifs de la recherche ainsi que la problématique, avec une bibliographie indicative.
- Courte biographie : Inclure des informations sur votre parcours académique, votre domaine de recherche etvotre statut actuel (institution de rattachement, thématiques de recherche, etc.).
- Mots-clés : Entre 3 et 5 mots-clés résumant le projet proposé.
Les propositions doivent être envoyées avant le 31 mars 2026 aux adresses suivantes :
claire.maingon@u-bourgogne.fr
m.tauziedeespariat@parisnanterre.fr
thibault.boulvain@sciencespo.fr
Les propositions de contribution seront examinées et sélectionnées par les organisateurs avec l’appui du comité scientifique du colloque. Le retour des avis est prévu pour le 30 avril 2026. Les communications, d’une durée de 30 à 40 minutes, seront en français ou en anglais.
Comité d’organisation
- Claire Maingon, professeur en histoire de l’art contemporain, Université Bourgogne Europe, LIR3S UMR 7366 CNRS-UBE.
- Maël Tauziède-Espariat, maître de conférences en histoire de l’art des Temps modernes, Université Paris-X Nanterre, HAR.
- Thibault Boulvain, Assistant Professor en histoire de l’art, Centre d’Histoire (CHSP), Paris.
Comité scientifique
- Olivier BONFAIT, professeur en histoire de l’art des Temps modernes, Université Bourgogne- Europe (LIR3S), Institut universitaire de France.
- Damien DELILLE, maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’Université Lumière Lyon 2, conseiller scientifique à l’Institut National d’Histoire de l’Art.
- Arianna ESPOSITO, maîtresse de conférences en archéologie classique, Université Bourgogne- Europe (UMR 6298 ARTEHIS).
- Guillaume FAROULT, conservateur en chef, en charge des peintures françaises du XVIIIe siècle et des peintures britanniques et américaines, Musée du Louvre.
- Charlotte FOUCHER ZARMANIAN, chargée de recherches HDR au CNRS, directrice- adjointe du Centre de Recherches sur les Arts et le Langage (UMR 8566, CNRS-EHESS).
- Nadeije LANEYRIE DAGEN, professeure émérite en histoire de l’art des Temps modernes, ENS-PSL.
- Nicolas LIUCCI-GOUTNIKOV, conservateur au Musée national d’art moderne, directeur de la Bibliothèque Kandinsky, centre de recherche du Centre Pompidou.
ENGLISH VERSION
Eros in the Museum
Acquiring, Exhibiting and Viewing Erotic Works of Art
Type: International conference
Deadline for proposals: 31 March 2026
Conference date and venue: October 2026, Saint-Thomas-d’Aquin campus, Sciences Po, Paris.
CALL FOR PAPERS
[DL : 31/03/2026]
[PDF version call of papers]
Rationale
The museum is not merely a site of display; it is also a space in which the visibility and the value of works of art areconstantly renegotiated. Following Walter M. Kendrick’s thesis – that images set aside because they were deemed unshowable paradoxically helped constitute pornography as an autonomous category – this conference seeks to explore the museum’s role in constructing and reconfiguring gendered ways of looking at objects connected withsexuality and/or desire (erotic and pornographic). As a public space where professionals and audiences meet, and where bodies of work from different periods and regions are brought into dialogue, the museum appears here as a privileged observation post.
Since the creation of the Gabinetto Segreto at the Naples Archaeological Museum in the early nineteenth century, several museums of eroticism – long-standing or short-lived – have emerged (Amsterdam, Hamburg, Paris, New York City, Mumbai…). Beyond institutions explicitly devoted to erotica, other public, private or community museums have confronted erotic works through temporary exhibitions, acquisitions or cataloguing decisions. In Europe, as well as in Asia, Africa, Oceania and the Americas, museums have devised specific strategies for conserving, exhibiting or making invisible such representations.
Over the last fifty years, interest in these questions within the humanities and social sciences has grown – fromStudies in Erotic Art (1970), through Linda Williams’s Hard Core: Power, Pleasure, and the “Frenzy of the Visible”(1989), to Jennifer Tyburczy’s Sex Museums: The Politics and Performance of Display (2016) – before broadeningtheir scope to gender and queer studies. These approaches have shown how museums contribute to the recognition – or exclusion – of certain sexual and gender identities, particularly LGBTQIA+, within public institutions.
Building on these insights, the conference seeks to open an international, transcultural and multidisciplinarydiscussion of eroticism in museums. How do institutions acquire, classify, exhibit or censor such works – whether objects, paintings, sculptures, photographs, performances, video or digital art? In particular, what role is played by curatorial self- censorship undertaken in anticipation of audience or governmental reactions? What forms of mediation and display have been implemented (secret cabinets, shutters and drawers, virtual exhibitions)? How are the viewer’s body and gaze engaged by these images? Finally, can we build a critical history of their reception in relation to past and present thresholds of tolerance, bearing in mind artists’ strategies which often unsettle or outwit the museum?
Call for Papers
We invite proposals from scholars across the humanities (art history, cultural and social history, law and legal history, philosophy, sociology, literary studies, etc.).
Suggested themes (non-exhaustive):
- Acquisition: criteria and taboos guiding the inclusion (or exclusion) of erotic works in public or private collections; the “Enfers” of libraries.
- Exhibition: scenography, devices and spatial arrangements, from Antiquity to the digital age.
- Actors: collectors, art dealers, curators, institutions, exhibition designers, conservators, the media, audiences.
- Reception: critical responses and visitor experience, tools of mediation, digital circulation.
Submission guidelines
Please submit:
- Paper title.
- Abstract (max. 2,000 characters): clearly stating the research objectives and the problem addressed, with a brief indicative bibliography.
- Short biography: including academic background, research area and current status (institutional affiliation, research themes, etc.).
- Keywords: 3–5 terms summarising the proposed paper.
Proposals should be sent by 31 March 2026 to all three addresses:
claire.maingon@u-bourgogne.fr
m.tauziedeespariat@parisnanterre.fr
thibault.boulvain@sciencespo.fr.
Submissions will be reviewed and selected by the organisers with the support of the Scientific Committee. Notifications are expected by 30 April 2026. Papers (30–40 minutes) may be delivered in French or English.
Organising Committee
- Claire MAINGON, Professor of Contemporary Art History, Université Bourgogne-Europe; LIR3S.
- Maël TAUZIÈDE-ESPARIAT, Associate Professor of Early Modern Art History, Université Paris-10 Nanterre; HAR.
- Thibault BOULVAIN, Assistant Professor of Art History, Centre d’Histoire (CHSP), Sciences Po, Paris.
Scientific Committee
- Olivier BONFAIT, Professor of Early Modern Art History, Université Bourgogne-Europe (LIR3S); Institut universitaire de France.
- Damien DELILLE, Associate Professor of Contemporary Art History, Université Lumière Lyon 2; Scientific Adviser, INHA.
- Arianna ESPOSITO, Associate Professor of Classical Archaeology, Université Bourgogne- Europe (UMR 6298 ARTEHIS).
- Guillaume FAROULT, Chief Curator (18th-Century French; British & American Painting), Musée du Louvre.
- Charlotte FOUCHER ZARMANIAN, CNRS Researcher (HDR), Deputy Director, CRAL (CNRS-EHESS).
- Nadeije LANEYRIE DAGEN, Professor Emerita of Early Modern Art History, École normale supérieure – PSL.
- Nicolas LIUCCI-GOUTNIKOV, Curator; Director, Bibliothèque Kandinsky (research centre of the Centre Pompidou).