Journée d’études « Actualité des études de genre »
Organisation : Lucile Girard, Maud Navarre, Brice Nocenti (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB) et Georges Ubbiali
Appel à communications
Depuis plusieurs dizaines d’années maintenant, des femmes s’illustrent dans le cadre de mouvements environnementaux. Que l’on pense à l’écoféministe indienne Vandana Shiva ou encore à la jeune suédoise Greta Thunberg, des figures, des noms féminins sont aujourd’hui devenus célèbres. Mais quelle place occupent réellement les femmes dans les mouvements environnementaux ? Quels impacts ont-elles sur l’organisation de ceux-ci et leur efficacité ? Influencent-elles les politiques qui en découlent ? Cette journée d’étude propose de dresser un état des lieux des luttes féministes en faveur de l’environnement. Les communications pourront s’inscrire dans les axes suivants, sans s’y limiter.
- Axe 1 – Les femmes dans les mobilisations écologiques
Quelle place occupent les femmes dans les mobilisations écologiques au sens large, en y incluant non seulement les causes que leurs actrices définissent elles-mêmes comme écologistes, mais plus largement l’ensemble des mobilisations qui contestent tel ou tel aspect de l’organisation sociale actuelle au nom de la préservation des écosystèmes et des conditions d’habitabilité de leur environnement proche ou lointain ? La division du travail de mobilisation fait-elle des quelques figures célèbres des arbres qui cachent des forêts ? Comment se mobilisent-elles et quel sens donnent-elles à leur engagement ? Certains répertoires sont-ils privilégiés par les femmes ? Plus généralement, quel(s) rôle(s) les femmes jouent-elles dans l’élaboration des répertoires d’action collective ? Cette interrogation se pose en particulier avec l’usage stratégique de la « violence » dans les mobilisations écologistes récentes.
Plus généralement quels liens existent entre les mouvements féministes et les mouvements à portée écologique ? Dans quelle mesure la place des femmes dans les luttes environnementales modifie-t-elle (ou non) le registre et la culture du féminisme ? Comment l’écoféminisme, qui considère l’existence de similitudes et de causes communes entre les systèmes de domination et d’oppression des femmes par les hommes et les systèmes de surexploitation de la nature par les humains, vient-il nourrir les féminismes en retour ? Et comment, dans ce cas, éviter les biais essentialisant de certaines versions de l’écoféminisme, promptes à reprendre à leur compte une identification femmes = nature déjà au cœur des représentations patriarcales ? Les communications pourront également s’interroger sur les potentiels conflits entre certains courants écologistes, notamment technocritiques et les avancées des droits des femmes et des personnes transgenre, notamment autour de l’accès à la PMA ou aux traitements hormonaux.
- Axe 2 – L’engagement pour les territoires.
Les femmes occupent également une place importante dans le maintien de territoires marginalisés (espaces ruraux par exemple). Au sein de ces territoires quels espaces particuliers (géographiques mais aussi sociaux) sont investis par les femmes ? Selon quelles modalités ? Et avec quels résultats ?
Les communications pourront adopter une perspective intersectionnelle en faisant, par exemple, dialoguer la question du genre et de l’âge, tout particulièrement présente dans les territoires ruraux soumis à un vieillissement de la population. Ou bien en s’interrogeant sur la situation dans les Suds, à la croisée du genre et des dominations ethniques et coloniales.
- Axe 3 – La santé environnementale et les femmes.
Depuis le début des années 2000, le concept « One Health » (une seule santé) a été développé pour tenter de faire le lien entre les savoirs et les problématiques relatives à la santé humaine, à la santé animale et plus globalement à la santé des écosystèmes, postulant le vivant comme un tout articulé. Dans cet axe, les communications pourront s’interroger sur la prise en charge de ces thématiques par des femmes, aussi bien du côté des mouvements sociaux revendiquant la prise en compte du vivant dans sa totalité, que dans les institutions, notamment de santé publique, investissant le concept. Peut-on parler d’un « care environnemental », au sens d’une visibilisation d’activités ou de relations habituellement invisibles mais essentielles ?
On pourra également investir dans cet axe, les inégalités de santé qui touchent plus particulièrement les femmes. La fréquentation d’espaces particulièrement exposés par les femmes (que l’on pense à certaines régions du monde, ou bien aux espaces intérieurs fortement soumis à la pollution de l’air) entraîne-t-elle des risques spécifiques pour elles ? Ces contraintes sont-elles source de mobilisations et selon quelles modalités ? Dans le monde professionnel, certaines activités fortement féminisées sont soumises à des expositions particulières, par exemple les coiffeuses, les agentes d’entretien, etc. Comment font-elles reconnaître ces expositions et les risques qui en découlent ?
Bibliographie indicative
- Amsellem-Mainguy Y. (2021), Les filles du coin. Vivre et grandir en milieu rural, Paris, Presses de Science Po.
- Bouffartigue, P., Pendariès, J. et Bouteiller, J. (2010) « La perception des liens travail/santé Le rôle des normes de genre et de profession. » Revue française de sociologie, Vol. 51(2), 247-280. https://doi.org/10.3917/rfs.512.0247.
- Cambourakis I. (2018) « Un écoféminisme à la française ? Les liens entre mouvements féministe et écologiste dans les années 1970 en France », Genre & Histoire, n° 22.
- Comby J-B., Dubuisson-Quellier S. (2023), Mobilisations écologiques, Paris, Presses universitaires de France.
- Laugier, S., Falquet, J. et Molinier, P. (2015) « Genre et inégalités environnementales : nouvelles menaces, nouvelles analyses, nouveaux féminismes Introduction. » Cahiers du Genre, n° 59(2), 5-20. https://doi.org/10.3917/cdge.059.0005.
- Ollitrault S. (2008), Militer pour la planète, Rennes, PUR.
- Vandana Shiva (1988), Staying Alive: Women, Ecology and development, London, Zed books ltd.
Modalités de soumission
Date limite : le 15 avril 2025
- Les propositions de communication d’une page maximum accompagnées d’une courte bio-bibliographiedevront être envoyées aux adresses mail des quatre organisateurs :
mnavarre@laposte.net ; lucile.girard@u-bourgogne.fr ; brice.nocenti@u-bourgogne.fr ; g.ubbiali@free.fr - Une réponse sera communiquée courant mai.
- La version écrite des communications (35 000 signes maximum) devra être envoyée début septembre.
[Télécharger l’appel à communications version pdf]